Grâce à twitter / X et @jeromegodefroy, je redécouvre un classique.
J’avoue que la poésie à l’école m’a été une souffrance. A part “les sanglots longs des violons de l’automne” et une histoire de roses, je ne me souviens de rien ou presque. Ah si, l’étonnant “des exhalaisons chaudes qui sortent du flan des montagnes”, découvert à la lecture, devant mon interrogateur de bac de Français, d’un livre que je n’avais bien sûr jamais lu. (Paul et Virginie, si je ne m’abuse)
Alors maintenant, je reste “bouche bée”, l’oreille frémissante, le coeur ouvert, en lisant ce que l’on ne m’a pas appris à aimer, étant enfant et ce dont je n’ai pas accordé l’attention suffisante plus tard.
Et plus spécialement aujourd’hui, merci Aragon de nous rappeler que l’histoire bégaye.
Rien ne semble changer. Les mêmes erreurs on fait.
Ici pas de polémique. Il n’y a rien à dire, juste se laisser bercer :
Que faut-il faire de mes nuits
Que faut-il faire de mes jours
Je n’avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m’endormais comme le bruit.
C’était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d’épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j’y tenais mal mon rôle
C’était de n’y comprendre rien
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Je comprends qu’à l’école on ne s’éternise peut être pas trop sur cette tranche de sa vie. Et quelle erreur alors car tout est dit. Que j’aurais voulu que l’on m’explique les chose comme cela.
Je n’ai jamais bien compris pourquoi on déclarait un académicien immortel … je n’en connais que peu qui peuvent disputer cette mémoire éternelle à celle des poètes et de certains artistes. Quand l’homme se transcende de sa médiocre condition, il en devient véritable ce qu’il est. Aragon, pour toujours, mais ici le poète. Son engagement politique, ses groupies, le contexte de l’époque … tout cela, c’est autre chose. Sans polémique. Juste le talent. A une époque, il fallait être résistant et souvent communiste. Ce n’était pas une adoration de l’URSS, mais juste de s’aligner avec ses valeurs. Et de cela, je le respecte. Ensuite, on sait ce qu’il est advenu de belles idées, mais la poésie reste. Elle, elle n’a pas fait de morts.
Enfin certainement moins que d’autres causes.
Pour creuser, avoir un peu de plaisir, pour relire Aragon, c’est ici … et encore un que j’aurais aimé rencontrer, connaitre, échanger même. Et encore une occasion de ratée. Jeune, on se dit qu’on a le temps. On a jamais le temps.